Emmanuel de Neckere : 80ème anniversaire de son martyre

Emmanuel de Neckere : 80ème anniversaire de son martyre

« Je suis triste de vous faire de la peine : c’est à vous que j’adresse ce dernier gage de ma très grande tendresse. »
(Cf. Emmanuel de Neckere)

Pendant la Seconde Guerre Mondiale, le journal clandestin « Le Patriote Mouscronnois », fondé par de nombreux jeunes Mouscronnois, avait – comme directeur spirituel – une des grandes figures de la Résistance Mouscronnoise : l’abbé Emmanuel de Neckere.
« Le Patriote Mouscronnois » réussit à sortir plus de quinze numéros de huit pages. Le journal diffusé à l’origine à environ 350 exemplaires le fut dans les derniers numéros à 750.
Le groupe allait être anéanti par un grand nombre d’arrestations qui frappèrent quasi tous les responsables. Des personnes furent arrêtées non seulement à Mouscron, mais également à Lokeren, car une coopération très efficace· s’était organisée entre ces villes. « Le Patriote Mouscronnois » était distribué à Lokeren tandis que « België Vrij », clandestin de Lokeren fut même imprimé deux fois à Mouscron.
Dès 1940 allait naître la forme la plus importante de résistance armée dans la région mouscronnoise: les sabotages des modes de communications.
En 1941, surtout en 1942, les jeunes rédacteurs du « Patriote Mouscronnois » se manifestent à Mouscron par de menus sabotages, incendie de wagons de paille, attaques contre les voies ferrées et les autres moyens de communication.
Dès la fin de 1940, certains de ces rédacteurs de la presse clandestine sont sollicités pour fournir des renseignements politiques, économiques et militaires. Ceux-ci s’en confient à l’abbé de Neckere qui les favorise tant faire se peut. Lui-même est sollicité, début 1942, par un officier belge, évadé de Belgique pour Londres d’où il revient chargé de plusieurs missions exceptionnelles. Stanier est son nom, « BRAVE » son nom de guerre qu’il donne à son réseau en formation (de Neckere devient « Lejeune »).
Le réseau portera le nom « BRAVERY » après l’exécution de « BRAVE ». La charge de son ministère à la paroisse et dans les mouvements de jeunesse ne permet pas à l’abbé de Neckere de prendre la direction de la section à mettre en place. Aussi s’entoure-t-il d’éléments indépendants à condition que ceux-ci ne s’occuperont plus que des seuls « Renseignements ».
La Section doit couvrir : Les Flandres, le Hainaut, Anvers et le nord de la France.
Certaines relations établies pour la presse clandestine facilitent son introduction à Lokeren et Termonde. Cette section deviendra vite très importante et riche pour le renseignement militaire. Des enquêtes allemandes sur les journaux clandestins « België Vrij » et « Le Patriote Mouscronnois » jaillit une étincelle qui allume un dossier supplémentaire « l’espionnage ». Pour les deux régions, il résultera de ce dossier cinq condamnations à la peine de mort, suivies d’exécutions le 10/11/1942.
Au sein du Réseau « BRAVERY », la Section Lejeune, dont l’abbé de Neckere fut le fondateur, continuera jusqu’à la Libération par les Alliés.
Au cours de l’occupation, paraîtront 650 journaux clandestins : français, Flamands et même allemands.
Leur but est de contrecarrer la propagande ennemie et la presse à sa solde. Un grand nombre d’imprimeurs. rédacteurs et distributeurs furent arrêtés; 3.000 perdirent la vie soit 30 % des effectifs engagés dans la presse clandestine.


M. le Curé Louis Mullier :

Le 6 et 7 septembre 1944, les premières troupes britanniques et canadiennes franchissent la frontière franco-belge. Elles encerclent les troupes allemandes et à l’aide de leurs blindés leur font subir des attaques incessantes. Quelques jours plus tard Mouscron est libéré . On parla aussitôt du jour où «il» reviendrait à Mouscron. Car on y tenait à ce qu’il revienne et qu’il y reste. Il avait été trop de cette ville, il y avait tenu une place trop grande dans le Bien pour qu’il n’y dorme son dernier sommeil. On avait toutes raisons de croire qu’il avait été enterré à Bourg-Léopold. L’aumônier allemand, tout en n’étant pas très catégorique, avait dit qu’il pensait bien que c’était là que les corps avaient été conduits. Ce fut dans cette direction que les recherches furent orientés. Les familles des huit exécutés du carrefour de l’Étoile à Lophem travaillèrent en ce sens, et en décembre 1944 on eut la certitude que c’était bien là, qu’on les trouverait. Devant des témoins, pieusement, respectueusement, on les déterra, et on mit dans de nouveaux cercueils les restes de leurs pauvres corps. Monsieur le Vicaire de Neckere en soutane et col romain. Une petite croix a été mise sur sa poitrine, les restes furent bénis et ont été ramenés à Mouscron dans la nuit, par un brouillard épais, le matin de leur mort avait été brumeux, la nuit de leur retour l’était plus encore.


Cette année, le 10 novembre 2022, nous commémorons le 80ème anniversaire du martyre du vicaire Emmanuel de Neckere et de celui de ses compagnons.