C’était il y a quarante ans

C’était il y a quarante ans

Le 27 juin 1976, Jean-Pierre Dassonville était ordonné prêtre par Monseigneur Himmer évêque de Tournai.

Genèse de cette mémoire :

« Nous vous donnons le meilleur »

Cf. Monseigneur Himmer

Ordination de Jean-Pierre Dassonville 1

Recto de la carte souvenir de son ordination

Vers la fin des années 60, un jeune homme âgé de plus de 20 ans, issu d’un milieu aisé de Lendelede en Flandre, reçoit de plus en plus en son cœur l’appel à devenir prêtre au service du Seigneur. À l’exemple de son oncle qui était prêtre, Jean-Pierre sent au plus profond de son être qu’il est consacré à ce beau service d’Église. Il souhaite entrer dans un séminaire francophone, et si possible, un jour, être appelé à servir dans un milieu populaire. C’est ainsi qu’il se présente auprès du diocèse de Tournai qui, après un temps propédeutique, accepte de l’accueillir comme postulant.

Il entreprend ses études aux séminaires de Bonne Espérance et de Tournai. Arrivé plus ou moins au milieu de sa formation, des doutes embrouillent peu à peu son cœur et son esprit, au point qu’il finit par demander à ses supérieurs de pouvoir marquer une pause dans son cheminent, et pour pouvoir prendre un chemin de certitude au sujet de sa vocation.

Ordination de Jean-Pierre Dassonville 2

Verso de la carte souvenir de son ordination

Jean-Pierre marque donc une pause et s’engage dans la vie professionnelle comme comptable dans une petite fabrique de bois de la région de Bruxelles. Là, me disait-il, j’ai appris ce que sont les valeurs d’un travailleur, les difficultés auxquelles l’ouvrier devait faire face dans sa vie, quels étaient les vouloirs-vivre du monde populaire. Dans son travail il n’hésitait pas à dépasser ses heures de prestations, en aidant bénévolement après son temps de travail, les ouvriers dans leurs multiples tâches manuelles et manutentionnaires. Ce qui permettait le soir à ces travailleurs de pouvoir rentrer un peu plus vite chez eux. Il était apprécié de ses collègues, au point que l’un d’entre eux, allait l’inviter à rejoindre la J.O.C. (Jeunesse Ouvrière Chrétienne.) Avec eux, il allait se familiariser encore plus avec la culture ouvrière et son mode de pensées, son langage particulier, ses besoins, ses aspirations, sa foi ou sa quête de sens au sujet de l’existence même. Avec cette jeunesse, il apprend le Voir-Juger-Agir qui est la méthode de réflexion critique dans le sens de l’engagement, et qui nourrit intellectuellement et spirituellement tous les Jocistes. Il en fait sa principale méthode de discernement, elle devient pour lui une part importante de sa vie. Finalement, à travers tout ce vécu et ces expériences, il perçoit à nouveau l’appel à servir Dieu et son Église dans le monde populaire. Il se représente auprès du diocèse de Tournai, celui-ci le réadmit dans le cheminent presbytéral pour y achever sa formation.

Dans le courant de l’année 1975, le besoin se faisant sentir, Monsieur l’abbé Florizone curé de la paroisse de la Sainte-Famille qui se trouve dans le quartier du Tuquet à Mouscron, introduit une demande auprès de Monseigneur Himmer pour avoir un nouveau vicaire. Très vite, après avoir consulté son presbyterium, celui-ci apporte une réponse favorable en lui détachant un jeune diacre, Jean-Pierre Dassonville. Il dit au petit curé de la paroisse : « Nous vous donnons le meilleur ! » Cf. Mlle Gaby Florizone. Le meilleur non pas en supériorité, mais le meilleur parce que le cœur du jeune diacre récemment ordonné était essentiellement porté et tourné vers le monde populaire. Quoi de mieux adapté pour une paroisse si majoritairement axée vers le monde des travailleurs.

Jean-Pierre Dassonville - diacre

Jean-Pierre alors diacre en compagnie de M. le curé Florizoone

En moins d’un an, Jean-Pierre a été très vite adopté par les membres de la paroisse. Les jeunes l’appelaient déjà « JP », et les adultes avaient pour lui un très grand respect. Il suscite très tôt des vocations au sein de la communauté, entre autre à l’un pour devenir diacre permanent, et a le souci de former et de mettre en route les laïcs sur tous les chantiers des différentes pastorales : Caté, Chorales, Patro, J.O.C., Conseil Pastoral Local, Solidarité, Enseignement, etc. Mais plus encore, il fut aussi un « piéton – errant » dans le quartier du Tuquet pour aller à la rencontre des familles et des jeunes du monde populaire. Les jeunes de la rue l’appelaient « Coluche » à cause de son allure clownesque et de ses cheveux toujours en pagaille. Ils aimaient son rire aquatique et très communicatif, sa gentillesse naturelle. Il est vrai que physiquement, il ressemblait beaucoup au comédien humoriste ! Ces familles populaires, pourtant si loin de l’Église aimaient l’habiller de vêtements faits de mains propres, voir tricotés artisanalement, et elles l’invitaient régulièrement à manger, à prendre un repas chez elles ! Jean-Pierre se faisait une grande joie d’entrer dans ces maisons et de participer à ces petits gueuletons festifs et familiaux.

Deux témoignages du monde populaire :

Une maman nous témoignait : « Il arrivait chez nous, s’asseyait, enlevait de moitié de son soulier droit et se massait la cheville. Pour rigoler nous lui disions que cela allait sentir mauvais et lui, poussant un rire fort éclatant du style Houa houa houa houa houa nous dit en riant : que c’était-là, chez lui, un très grand signe d’ouverture. Il avait une sacrée répartie ! »

Un autre : « Personnellement, c’est dans la rue que je l’ai rencontré pour la première fois. J’étais avec mon ami dans la rue Jean Jaurès et celui-ci me dit : Tiens, voilà Coluche, c’est un curé sympa ! Il me présente Jean-Pierre, celui-ci me demande mon âge, je lui dis que j’avais 15 ans. Nous lui demandons à notre tour son âge, il nous dit : J’ai 19 ans (Il en avait 32.) Nous ne le croyons pas, nous lui demandons de le prouver à l’aide de sa carte d’identité. Il sort sa carte et d’un geste rapide, voir trop rapide, il nous la présente et la remet aussi vite dans sa poche en éclatant de rire. Bref, il est bien évident que nous n’avions rien vu ! Mais il nous faisait rire. Au cours du temps et des rencontres nous allions devenir de véritables amis. »

Beaucoup de ces rencontres allaient devenir chez lui le signe d’une très grande fécondité ministérielle. En elles et dès l’année 1983, il allait puiser des sources, des inspirations auprès des individus rencontrés au fil des hasards, et faire de quelques-uns d’entre eux, des participants aux quelques projets pastoraux qui allaient naître dans le courant des années 1984 et 1985. De nouvelles conversions et vocations allaient aussi en surgirent.

« J’ai besoin de toi, il faut faire quelque chose ! »

Cf. Jean-Pierre Dassonville

Rassemblement des jeunes 12 10 85En octobre 1983, la paroisse est triste, Jean-Pierre s’en va pour une autre mission.

Le 19 novembre 1983, Monseigneur Huard évêque de Tournai, envoie Jean-Pierre dans une nouvelle mission. Il reçoit la charge de l’animation de la Pastorale des Jeunes de Mouscron-Comines. Il se sent seul et lance un cri : « J’ai besoin de toi, il faut faire quelque chose ! » Après cet appel, plus tard, il avoua qu’il ne savait pas trop quelle direction il devait prendre pour cette animation, mais que finalement, ce sont les jeunes eux-mêmes qui l’avaient mis sur la voie.

Il y aurait beaucoup de choses à partager, mais sans trop vouloir entrer dans des chroniques, nous vous partageons un document téléchargeable au format PDF, partie infime de son histoire, de la création et de la naissance de la Maison Cardijn. Ce document est inédit car écrit de sa main. Il y parle plus particulièrement du mouvement de jeunes sans emploi à l’occasion du rassemblement des jeunes d’octobre 1985 qui avait pour cadre l’année mondiale de la jeunesse. Mais d’autres, vous par exemple, vous pourriez « compléter » cet écrit et cette vie comme nous l’aurait si bien dit Jean-Pierre. Pourquoi pas ? Remplissez à votre tour les petits manques ou les petits vides historiques qui auraient pu être omis.

Télécharger : Tu es jeune et sans emploi, Jean-Pierre Dassonville – Oct 1985

Bonne lecture à tous !

N’hésitez pas à nous faire parvenir vos petits témoignages en nous contactant à notre adresse E-Mail stipulé dans la page info de notre site Internet.

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