KARL-HALFDAN SCHILLING : Un converti norvégien – Partie 8

KARL-HALFDAN SCHILLING : Un converti norvégien – Partie 8

Sources : Les Pères Barnabites de Mouscron

Les tribulations du noviciat


Les Barnabites de France avaient leur noviciat établi à Aubigny-sur-Nère, dans le Cher. Karl-Halfdan s’y présenta le 28 juillet 1868, et fut reçu comme novice-clerc, c’est-à-dire destiné à devenir religieux-prêtre.

Tout de suite il manifesta sa volonté d’être religieux « tout entier ». Le supérieur pouvait écrire au Père Général de la Congrégation : « Voici déjà quarante jours que le Norvégien Charles Schilling est des nôtres … Il est déjà si avancé dans toutes les pratiques religieuses de notre Congrégation, qu’il ressemble plutôt à un religieux expérimenté qu’à un débutant … sa piété est solide et profonde, son esprit d’oraison est plus qu’ordinaire ; il est humble dans ses paroles et dans son maintien, et possède un grand amour de la mortification et un goût intérieur pour la Sainte Communion. »

Le 7 septembre 1868, l’artiste reçoit l’habit religieux des Barnabites. Il s’appelle désormais Don Charles-Marie. À son père il écrit : « Comme je suis dans la meilleure situation pour préparer mon éternité, je ne vois pas pourquoi je ne serais pas content, joyeux, heureux. Je le suis au plus haut degré, mon cher père, et si tu pouvais lire dans mon cœur et tout comprendre, tu ne pourrais jamais me souhaiter plus heureuse condition. »

Ce bonheur sans nuages rencontre bientôt de sérieuses traverses. Don Charles a passé la trentaine. L’étude lui donne de violents maux de tête et, malgré son application, il ne fait que de médiocres progrès en latin et en français. À la rigueur de l’observance régulière, il ajoute un surcroît de mortifications personnelles. Sa vie trop sédentaire aggrave une constipation invétérée. Tout cela réuni produit, à la longue, un état de fatigue et d’épuisement qui réduit le novice à l’immobilité presque complète. Mais ses peines morales dépassent ses souffrances physiques. En raison de son mauvais état de santé, il se sent à charge et se demande s’il ne doit pas, en conscience, quitter la Congrégation. Déjà son supérieur l’a averti qu’il ne pourra jamais devenir prêtre. Don Charles, désireux avant tout d’appartenir à Dieu, se contenterait d’être admis comme religieux oblat, avec des vœux de trois ans, renouvelables au gré des supérieurs. On pense un moment à l’envoyer en cette qualité au secours du Père Stub, dans l’espoir que l’air natal le remettra. Mais sa santé décline à un tel point que le Père Général décide de le renvoyer de la Congrégation.

Le cœur brisé, mais soumis à la volonté de Dieu, Don Charles commence ses préparatifs pour un triste et humiliant retour en Norvège. La veille du départ, il veut se confesser afin de communier le lendemain, avant de se mettre en route. A la fin de sa confession, il ne peut plus contenir sa douleur et éclate en sanglots. Son supérieur, le Père Piantoni, ému lui-même jusqu’aux larmes, décide alors de surseoir au départ et d’attendre de nouvelles instructions du Père Général.

Entre-temps, un médecin essaye sur le malade un nouveau remède, et Don Charles commence une neuvaine à saint Alphonse, patron de la maison, dont la fête approchait. De jour en jour, il se sent mieux et, le jour de saint Alphonse, il semble complètement guéri. « C’est sans doute, écrit le supérieur, saint Alphonse qui a accordé cette grâce ; tous en sont dans l’admiration et la joie. »


La profession de foi écrite de la main du serviteur de Dieu
La profession de foi écrite de la main du serviteur de Dieu