KARL-HALFDAN SCHILLING : Un converti norvégien – Partie 9
KARL-HALFDAN SCHILLING : Un converti norvégien – Partie 9
Sources : Les Pères Barnabites de Mouscron
Religieux « éternel »
Mis au courant de cette situation nouvelle, le Père Général consentit à admettre Don Charles comme oblat clerc dans la Province de France. La joie du fervent novice fut grande, tempérée toutefois par l’obligation de devoir renoncer au sacerdoce. Le plus désappointé fut le père Stub, qui rêvait d’avoir un jour Schilling à ses côtés comme prêtre-missionnaire. Il en vint à proposer à celui-ci de s’enrôler dans la société de prêtres-missionnaires, qu’il songeait à fonder pour l’évangélisation de la Scandinavie. Mais Don Charles était l’obéissance personnifiée. Il tenait avant tout à être religieux et à faire la volonté de ses supérieurs. Après quinze jours de retraite fervente, il prononça ses vœux triennaux d’oblat, le 21 novembre 1869, en la fête de la Présentation.
À l’approche de l’expiration de ses vœux, Don Charles fut repris par ses anciens malaises, ceux-ci réveillés par une forte dépression morale.
« Voici, écrivait son supérieur au R. Père Provincial, de quoi il s’agit : En s’épanchant avec moi après son action de grâces, Don Charles m’a fait connaître, avec la confiance la plus simple, mais empreinte en même temps du plus parfait abandon, que l’origine intrinsèque de sa maladie et de l’appauvrissement de ses forces est dans la préoccupation incessante de son esprit au sujet de ses vœux de trois ans ; c’est pour lui un vrai cauchemar que cette pensée de n’être. pas sûr qu’il sera toujours religieux. Dieu m’appelle, me disait-il, à être religieux « éternel » ; or, si je ne fais pas de vœux éternels, qui sait si, en raison de mon état de santé, on me gardera toujours ? J’ai tout quitté, ici je possède tout, mais je n’aurai jamais les vœux éternels ; or, il me semble que si le Révérendissime Père Général m’accorde de faire les vœux éternels, ce sera pour moi le remède éternel. Être religieux éternel, c’est avoir tout ici-bas, et n’avoir plus qu’à entrer comme religieux éternel dans le ciel. »
Comment résister à de tels accents ? Comment refuser le seul remède capable de guérir une aussi sainte maladie ? Le Révérendissime Père Général fit parvenir une supplique au Souverain Pontife Pie IX. Par un rescrit du 20 novembre 1871, le Pape donna l’autorisation d’admettre l’oblat aux vœux perpétuels (« éternels » dans la langue de Don Charles), et même aux vieux solennels, tels que les prononcent tous les membres de la Congrégation des Barnabites. L’Induit spécifiait que la profession serait précédée d’une nouvelle année de noviciat. Don Charles eût accepté bien davantage pour devenir religieux « éternel ». Cette joie de la consécration totale et définitive à Dieu, Don Charles la connut le 18 décembre 1872.