Le « TOUR DES SEPT CROIX » par Charles-Clovis Selosse – Première partie

… avec l’aimable autorisation de la famille de Monsieur Charles-Clovis Selosse…

Il n’entre pas dans nos intentions de faire l’histoire du « Tour des sept Croix » qui, tous les ans, le troisième dimanche de septembre, amène un si grand concours de foule pour célébrer la Vierge des Douleurs, seconde patronne de Mouscron. Nous nous proposons de vous donner les quelques notes d’histoire que nous avons pu réunir sur ce pieux pèlerinage.

Avant 1937, le « Tour des sept Croix » n’était plus très suivi. Il n’y avait plus que quelques centaines de personnes qui prenaient part à ce pèlerinage et l’organisation en était laissée à la Congrégation des jeunes filles.

En 1937, l’Association Catholique de la Jeunesse Belge (A.C.J.B.) fêtait le XXVème anniversaire de sa fondation et les jeunes avaient comme consigne d’édifier un calvaire dans chaque commune du pays. À Mouscron, ils renoncèrent à ce projet et décidèrent plutôt de relever l’ancienne tradition du « Tour des sept Croix ». Et c’est ainsi que le pèlerinage du 19 septembre 1937 revêtit un caractère d’importance. Les paroissiens s’associèrent nombreux aux jeunes venus de tous les coins de la région pour parcourir les sept stations. Une manifestation de foi s’est déroulée à la Croix Danel. La foule fit le serment de fidélité au Christ et entonna des chants.

Mouscron allait connaître, dans les années qui allaient suivre, de grandioses manifestations de foi.

La mobilisation de 1938 et 1939, la guerre de 1940, la libération de 1944 et la victoire de 1945 ne firent qu’augmenter la ferveur de nos populations.

Le 15 septembre 1940, une foule évaluée à environ six mille personnes, fit le « Tour des sept Croix » pour demander au ciel de faire cesser le fléau de la guerre. M. l’abbé Mullier prononça, à la « Croix Danel », un sermon mémorable.

Le dimanche 21 septembre 1941, six mille personnes encore sont allées visiter les croix qui jalonnent nos rues et nos campagnes.

Le 1er septembre 1942, Son Excellence Mgr. Henri Lamiroy, vingt-troisième évêque de Bruges, permit d’invoquer Notre-Dame des Sept Douleurs comme seconde patronne de Mouscron et de lui donner le titre de « Notre-Dame des Sept Douleurs, patronne et protectrice de la ville de Mouscron ».

En 1942, le « Tour des sept Croix » fut interdit. Néanmoins, le dimanche 20 septembre, les fidèles de Notre-Dame le firent en particulier. Après les vêpres et malgré l’interdiction de l’autorité occupante, un groupe de 300 fidèles au moins fit le « Tour des sept Croix » en priant et en chantant.

Le dimanche 19 septembre 1943, on annonça du haut de la chaire : « Cette année, le pèlerinage aura lieu individuellement ». Ce qui voulait dire que les Allemands n’avaient pas accordé l’autorisation demandée.

Le dimanche 17 septembre 1944 se déroula le pèlerinage de la libération. Dix mille personnes firent ce qu’on a appelé le « Pèlerinage de la Reconnaissance ».

Le dimanche 16 septembre 1945 eut lieu le « Pèlerinage de la Victoire », Ce « Tour des sept Croix » fut un témoignage de reconnaissance pour le retour des prisonniers. Ce même jour se livrait la bataille d’Arnhem (Hollande). La 1ère division aéroportée britannique y perdit mille quatre cents hommes. Durant le « Tour des sept Croix », une file ininterrompue de gros avions alliés transportant des troupes de renfort traversait notre ciel. Et la prière des pèlerins, en cet après-midi de septembre, n’en fut que plus ardente pour ceux qui partaient à la mort. À la fin du pèlerinage, la statue miraculeuse de Notre-Dame, qui avait été portée tout le long du parcours, fit son entrée triomphale sur la Grand’Place, précédée des musiques et des drapeaux. Pour clôturer la cérémonie, un chœur mixte se composant de 120 exécutants interpréta un extrait du « Messie » d’Haendel.

Réactualisation : Petite erreur de l’auteur… en effet, la bataille d’Arnhem se déroula en septembre 1944 et non 1945. Il donc plus probable que les événements évoqués se passèrent le 17 septembre 1944, soit… quelques jours après la libération de Mouscron.

Le dimanche 15 septembre 1946, troisième Tour des sept Croix de la reconnaissance. C’est en 1946 que le poète mouscronnois, Ernest Coulon, publia un poème intitulé: « Notre Tour des VII Croix », dans son ouvrage : « L’ombre des sept Croix ».

Dimanche 21 septembre 1947, quatrième Tour des sept Croix promis en reconnaissance de la protection accordée par Notre-Dame à la ville de Mouscron.

Malgré la pluie, quatre mille personnes l’entreprirent.

Le dimanche 19 septembre 1948, il Y en eut cinq mille.

Dimanche 18 septembre 1949 : Une affluence nombreuse assista au « Tour des sept Croix », le sixième après la libération. Du perron de l’hôtel de ville, M. l’abbé Mullier s’adressa à la foule. L’orateur souhaita qu’en 1950 la ville fût consacrée à la Vierge par son bourgmestre et que le chef du diocèse fût présent à cette cérémonie.

Le dimanche 17 septembre 1950, contrairement à l’habitude, les pèlerins se mettent en route à 17 heures. À 19 heures, Son Excellence Mgr. Lamiroy, qui avait accepté de rehausser de sa présence cette grandiose cérémonie, vint se joindre à la procession aux flambeaux qui s’était formée près de la ferme de la Basse-Cour, à hauteur de la septième croix.

Une grande apothéose mariale allait se dérouler sur la Grand’Place. Dans le cortège figurait le char représentant le miracle de 1527, c’est-à-dire la résurrection de l’enfant de Jean Descamps. A 19 h 30, le bourgmestre, M. Omer Vandenberghe, prononçait la formule de consécration à Notre-Dame. Ce fut une cérémonie grandiose. Notons en passant que ce document est exposé à l’église décanale Saint-Barthélemy, dans la chapelle du Rosaire, sur le mur du baptistère.

Le dimanche 16 septembre 1951, à 15 heures, quatre mille personnes assistèrent au pèlerinage annuel. M. l’abbé L. Mullier remercia la foule du haut de la chaire de Saint-Barthélemy, car aucune cérémonie n’avait pu avoir lieu sur la Grand’Place, du fait qu’un immense cirque y était installé.

Le dimanche 21 septembre 1952, quinze jours après son installation au siège épiscopal de Bruges, Son Excellence Mgr. Emile-Joseph De Smedt assiste à la cérémonie de clôture du « Tour des sept Croix ». Une tribune avait été édifiée près de l’Ecole professionnelle Saint-Henri, Avenue Royale et c’est de celle-ci que Monseigneur, entouré des personnalités religieuses et civiles, contempla, malgré la pluie, le défilé des pieux pèlerins.

Sur la Grand’Place, derrière un autel, une haute effigie de la Vierge se dressait en toile de fond. La population catholique prit part en masse à cette cérémonie de clôture.

Le dimanche 20 septembre 1953, cinq mille Mouscronnois participent au Tour, présidé pour la première fois par leur nouveau doyen, M. l’abbé Léopold Dujardin.

Dimanche 19 septembre 1954 : En cette année mariale, une journée fut organisée à Mouscron pour tout le doyenné, à la demande de Son Excellence Mgr. De Smedt.

Sur la Grand’Place, un magnifique podium avait été dressé. Les sept douleurs de la Vierge y étaient représentées sur un grand retable. Cette fresque avait une longueur de quinze mètres. Elle était l’œuvre d’artistes mouscronnois.

Le matin, après la messe pontificale, célébré par Mgr. Brasseur, évêque missionnaire, une procession Sortit par les rues de la ville pour honorer les sept douleurs de Marie. L’après-midi, à 15 h. 30, Mgr. De Smedt présidait lui-même le « Tour des sept Croix » et y prit part pour la première fois en tant que pèlerin. On y dénombra environ dix mille personnes.

En 1955, le « Tour des sept Croix » eut lieu le dimanche 18 septembre, à 16 heures. Il fut précédé, du 11 au 18, du « Retour de Mission », prêché par le R. P. Culot, Rédemptoriste. Pour la seconde fois, Mgr. De Smedt vint accomplir son pèlerinage autour de Mouscron. À l’exemple de leur évêque, le beau temps aidant, huit mille pèlerins accomplirent le circuit. Du perron de l’hôtel de ville, Son Excellence remercia la foule.

En l’année 1956, le « Tour des sept Croix » eut lieu le dimanche 9 septembre, à 15 heures. Il fut avancé de huit jours pour permettre aux Mouscronnois d’assister au Congrès Eucharistique de Bruges le 16 septembre, Malgré ses lourdes charges, on vit une nouvelle fois le chef du diocèse accomplir son pèlerinage aux sept croix. Le cortège était si long, que personne, même du haut du « Bois Fichaux », n’en vit jamais les deux bouts. Il faisait chaud et le trajet n’en fut que plus pénible, surtout pour les gens d’un certain âge et pour les mamans accompagnées de leurs petits-enfants.

Son Excellence, avant de bénir la foule, prononça quelques paroles. Soudain il s’exclama: « Oh! Comme elle doit être magnifique, vue d’en haut, cette immense et vibrant guirlande de prières! »

Le 15 septembre 1957, à 16 heures, malgré un temps incertain et froid, six mille pèlerins entreprennent avec courage et ferveur le pèlerinage. Fidèle à son désir d’y accompagner les Mouscronnois, Son Excellence Monseigneur De Smedt l’effectua pour la quatrième fois consécutive.

Du perron de l’hôtel de ville, où les drapeaux multicolores formaient un splendide décor, le chef du diocèse s’adressa à la foule pur l’encourager à persévérer dans sa dévotion à Notre-Dame des VII douleurs.

En 1958, le 21 septembre, la procession annuelle en l’honneur de Notre-Dame des VII Douleurs, qui sortit le matin, ne put se dérouler intégralement, car la pluie tomba si drue qu’au milieu du parcours elle obligea une bonne partie des groupes les uns à modifier leur itinéraire, les autres à se mettre à l’abri.

Mais l’après-midi le ciel s’éclaircit et ce fut, cette fois, par beau temps que se déroula la principale manifestation de la journée. A 16 heures, le cortège des pèlerins, que l’on évalua à 6.000, se mit en branle.

Pour la cinquième fois consécutive, Son Excellence Monseigneur De Smedt était arrivé à Mouscron pour assister à cette pieuse manifestation quatre fois séculaire. Au retour de ce long trajet, qui prend près de deux heures et demie, Monseigneur s’adressa à la masse des pèlerins: « La procession n’est pas terminée, s’écria-t-il. La vie n’est qu’un long pèlerinage vers la cité de Dieu ». Pour clôturer la cérémonie, l’Évêque de Bruges a donné sa bénédiction à la foule prosternée.

Le pèlerinage de 1959 s’est déroulé par un temps favorable. Le dimanche 20 septembre, à 15 heures, six mille Mouscronnois et habitants des villages environnants ont escorté la statue miraculeuse de Notre-Dame des VII Douleurs. Pour la sixième fois, Monseigneur De Smedt, entouré de M. le Doyen Léopold Dujardin et d’un nombreux clergé, y participa en tant que pèlerin.

Après cette édifiante manifestation, Son Excellence déclara à la foule que le « Tour des sept Croix » était la plus belle manifestation religieuse de son diocèse.

Ainsi se continue d’année en année la longue histoire du « Tour des sept Croix ».

Charles-Clovis Selosse, le 31 juillet 1960.

À suivre…