Monseigneur JOSEPH CARDIJN
Monseigneur Joseph Cardijn
Joseph Cardijn est né à Schaerbeek le 13 novembre 1882, dans une famille de négociants en charbon à Halle en Belgique. Entre ses heures de classe et à une époque assez sombre et noire pour la classe ouvrière, il aidait sa famille en livrant les sacs de charbon aux clients.
Marqué par les difficiles conditions de vie des ouvriers aux maigres revenus très dérisoires, qui travaillaient de 10 à 12 heures par jour, et par la mise au travail de très jeunes enfants, Joseph Cardijn allait puiser dans ces expériences très personnelles les forces déterminantes de sa vocation sacerdotale.
Chronologie rapide
À 15 ans, il entre au séminaire de Malines où il poursuit ses études en français.
En 1906, le cardinal Mercier lui confère l’ordination sacerdotale.
En 1912, alors âgé de 30 ans, Joseph Cardijn est nommé vicaire à Laeken. Convaincu qu’il devait réaliser quelque chose avec les jeunes travailleurs, il déclara à quelques-uns d’entre eux : « Si vous avez la foi, nous irons à la conquête du monde. » Son projet de vie peut dès lors être concrétisé.
Il commence avec quelques jeunes filles d’abord (les jeunes gens s’y joindront un peu plus tard), et c’est donc à Laeken que va germer la petite graine qui allait devenir la J.O.C. – J.O.C.F – J.E.C.
Quand se termine la première guerre mondiale, tout s’était écroulé, il devait tout recommencer. Après la reconstruction des différents groupes, ceux-ci deviennent peu à peu une véritable organisation qui s’affirmera bientôt au sein du Congrès de la Jeunesse Catholique à Marcinelle en 1924. Le nouveau mouvement qu’il a construit est reconnu, approuvé et confirmé officiellement par les Évêques de Belgique. Joseph Cardijn en devient l’aumônier général. La J.O.C. naît officiellement cette année-là.
En 1925, la J.O.C. se développe rapidement et le pape Pie XI accorde toute sa confiance à Joseph Cardijn. Toute sa vie se trouvera dorénavant liée à celle du mouvement, dont les étapes importantes se succèdent les unes après les autres. Le « bon vicaire de Dieu », dorénavant sillonnera les routes et les sentiers du monde entier.
Dès 1927, la J.O.C. est implantée en France. De mouvement national, et de par son essor très rapide, son statut devient « international. »
En 1935, a lieu le premier Congrès Jubilaire de la J.O.C., elle y fête ses dix ans. Près de 100.000 jeunes habités par une même volonté de faire respecter leur dignité de travailleurs, se rassemblent au stade du Heysel à Bruxelles dans le but évident d’y manifester leur intention de se mettre au service de leurs camarades.
En mai 1940, éclate le Second Conflit Mondial. Joseph Cardijn se charge de l’assistance morale aux jeunes Belges évacués dans les provinces du Sud de la France. Le mouvement semble être condamné à mourir par l’occupant Allemand. En effet, la J.O.C. se voit interdire au cœur même de son action. Mais cela n’arrête pas pour autant les jeunes militants, bravant les injonctions de l’occupant, ils décident de poursuivre leurs réunions, leurs actions et même les « formations » dispensées à leurs militants les plus engagés. Nombres de rapports sont encore en notre possession, ceux-ci attestent l’existence de cette incroyable fourmilière « clandestine » qui allait s’instaurer au cours de ces années noires. Le mouvement survit, il s’étend !
Joseph Cardijn, ainsi que plusieurs de ses collaborateurs dont monsieur l’abbé Emmanuel De Neckere de Mouscron, sont arrêtés par l’occupant et connaissent dès lors la captivité ou l’exécution. En effet, Joseph Cardijn continue a donné des conférences dans le but de démasquer l’ « Ordre Nouveau » du nazisme. Créateur de quelques services de résistance, il a principalement ordonné son action pour lutter contre le départ des jeunes en Allemagne. Avec le mouvement de la J.O.C., il ouvre aussi la porte de celui-ci à tous ceux qui veulent se cacher de l’occupant : Israélites, réfractaires, maquisards, évadés, et bien d’autres, ce qui n’ira pas sans provoquer de lourdes pertes parmi les membres de la J.O.C. D’autres jeunes prennent les armes pour une lutte armée, tandis que d’autres rejoignent la Bretagne en France pour traverser le Channel et rejoindre l’Angleterre, afin de pouvoir rejoindre des régiments militaires pour servir leur patrie et leur gouvernement en exil.
Après la guerre, vers 1950, les représentants de 40 pays où la J.O.C. existait se réunissent. Tous les continents et les nombreuses races qui les composent, donnaient à cette assemblée Jociste un visage impressionnant : « l’universalité du problème de la jeunesse travailleuse apparaissait à la fois dans son unité et sa diversité. » Pie XII apporte son soutien à Cardijn et lui accorde un texte dans lequel il est invité à exposer les objectifs de la J.O.C. Celui-ci, une fois rédigé, est envoyé aux épiscopats de différents pays, il y plaide également avec insistance pour l’union des Églises.
Le 2 septembre 1952, en la Basique de Koekelberg, et entouré par les jeunes venus d’un peu partout, Joseph Cardijn fête son Jubilé Sacerdotal (50 années de prêtrise). Le Mouvement Ouvrier Chrétien (M.O.C.) offre à la Basilique nationale, un vitrail réalisé par le maître verrier bruxellois J. Slachmuylder. La journée s’achève sous la forme d’un repas champêtre dans le Parc Élisabeth.
En 1957, un rassemblement de 32.000 jeunes travailleurs de 56 pays a lieu à la Place Saint-Pierre à Rome en présence de Pie XII. C’est le premier pèlerinage à Rome des jeunes. Ce fut une date historique par la manifestation que la J.O.C. mondiale offrait au monde. C’est aussi à ce moment-là que la J.O.C. allait se donner des statuts, avec des élections d’un conseil représentatif, et que sa mission internationale fut reconnue publiquement par les plus hautes autorités inter-gouvernementales, telles que l’UNESCO, le Conseil économique et social des Nations Unies, l’O.I.T. et, évidemment, l’Église.
En 1962, Joseph Cardijn a le bonheur de constater que la J.O.C. est forte de 4 millions de membres dans 88 pays. L’internationalisation du mouvement est désormais une chose acquise !
En 1965, Joseph Cardijn est nommé cardinal. La soutane rouge l’effraie. Finalement, il acceptera ce nouvel état de vie mais pas sans grincement de dents. Il ira jusqu’à dire à ses proches : « On croirait le Bon Dieu parce qu’on est habillé de rouge ! » Mais face à ses réticences, Paul VI doit le rassurer et surtout faire taire ses scrupules.
Joseph Cardijn, ou plutôt Monseigneur Cardijn, vieillit et murit un dernier rêve : « entreprendre un voyage d’étude en URSS et en Chine populaire. » Mais son état de santé ne le lui permettra pas et il finit par s’éteindre le 24 juillet 1967 dans une clinique de Louvain, laissant à la postérité et aux jeunes de la J.O.C. son plus grand désir, celui de voir :
Comment Les apôtres des ouvriers seront des ouvriers…
Comment faire découvrir aux hommes, à tous les hommes, qu’ils ont une mission que Dieu, lui-même, leur a donnée à partir de la création et de la rédemption, que l’Église leur annonce et les aide à réaliser.
Comment faire pour que chacun vive de cette conception inébranlable : Dieu a besoin de moi, je suis son chargé de mission ? »
Dès lors, cela supposait aussi d’avoir une solide formation humaine, sociale, morale et religieuse. Il parvint à donner une méthode très formatrice pratiquée à partir des faits de vie du jeune travailleur, la célèbre méthode du « VOIR, JUGER, AGIR » issue des mouvements de maquisards au cours du Second Conflit mondial.
Après son décès, Paul VI allait le qualifier ainsi : « Un des hommes qui, en ces années, a fait le plus pour l’Église et le salut des âmes. »
Sources littéraires et biographiques :
– Journal paroissial « le Tuquet », Le cardinal Cardijn, octobre 1982
– La revue « Vivre Aujourd’hui », Joseph Cardijn, un homme de tous les temps, par Michèle Michiels, octobre 1982
– L’heure de la classe ouvrière, Leçons données par Monseigneur Cardijn aux dirigeants fédéraux de la J.OC., au Collège Saint-Paul, à Godinne-sur-Meuse, et aux dirigeantes fédérales de la J.O.C.F., au Cénacle, à Bruxelles, Pâques 1948
– « Jubile Sacerdotal », Imprimerie LUX, 2 septembre 1956